dimanche 2 octobre 2011

alzheimer

C'est pas la peine de se prendre la tête de chou l'homme, c'est incurable. Ce qui veut dire qu'il ne te reste plus que les yeux pour pleurer, tes mains pour les essuyer et tes fesses pour te lamenter sur le temps qui passe. De philosopher sur les traces qu'il laissera derrière lui, du pourquoi et du comment, notamment ce qu'on a fait mais surtout ce que l'on a pas fait, du passé, des souvenirs, du présent et de l'avenir, de ce qu'il reste à faire, et du temps qu'il reste pour le faire ... Bon, c'est bon là, arrête, réveille-toi, je sais pas, fais quelque chose ! Allez, c'est rien, c'est juste le temps qu'il fait ! Moi, ça me déprime.

J'arrête d'en parler, Nina Simone le fait beaucoup mieux que moi, et c'est dans "who knows where the time goes".
Alors c'est  vrai que c'est une reprise de Sandy Denny, artiste folk anglaise, sorte de Nick Drake morte trop tôt, on en a pas beaucoup parlé, elle faisait moins de bruit qu'Amy, et c'est pas plus mal.
Revenons à Nina, et à ce morceau qu'elle a joué en live un soir de déprime collective. Je sais, ça peut faire long mais s'il vous plait, écoutez ce qu'elle dit avant de chanter, ça dure quelques minutes, il faut le dico d'anglais pas loin mais elle est tellement stone qu'elle parle lentement, ça passe, on comprend. Et c'est magnifique ! Y a tout, les paroles, la voix, les cordes qui vibrent, et la musique ....
D'autant plus quand les autres muzikos s'y mettent ... d'abords une petite guitare, douce, ensuite Nina nous fait part de sa façon à elle de jouer du Bach au piano sur le temps qui passe, comme elle seule peut le faire, et puis après ..... ah ... après, la fin, l'apothéose, le final grandiose, l'esprit de la soul .... on vibre comme rarement, on est passé à travers la folk music, le jazz, le blues, le classique, et enfin la soul, tout ça en moins de 9 minutes.

 

Saviez-vous que Nina Simone s'était adonnée aux joies de la musique populaire par dépit ? Elle rêvait depuis toujours de devenir pianiste classique dans de grands orchestres, de reprendre Bach dans des opéras bondés. Je dis ça comme si je la connaissais, alors qu'en fait, je raconte peut-être n'importe quoi, qui sait ? Bref, comme elle était trop noire pour l'époque, on lui a dit "fait de la musique de noirs", alors elle a fait de la musique de noirs, du jazz, de la soul, de la pop, et grand Dieu Seigneur ! merci Nina pour ta contribution, même involontaire, à la musique en général !

Paraît-il que lorsqu'elle chante, la pluie s'arrête. Paraît-il qu'elle était folle. Paraît-il qu'elle n'a eu de cesse de se battre pour les droits civiques des afro-américains. Paraît-il, vers la fin de sa vie, elle aurait passé le plus clair de son temps (tiens, encore une histoire de temps !) caché dans son château, dans le sud de la France, à jouer du Bach toute la journée. Paraît-il, quand elle commençait un morceau, de Bach donc, car elle ne jouait que du Bach, elle suivait les partitions pendant un temps, et puis elle se laisser aller à exprimer ce qu'elle n'a jamais pu faire durant sa vie de célèbre musicienne populaire et frustrée, elle partait en vrille et se mettait à composer, à laisser libre cours à son imagination plus que débordante, en partant de Bach. Paraît-il que ces séances impromptues ont été enregistrées, cela représenterait environ 72 heures d'écoute. Et paraît-il aussi que ça va sortir, en coffret, un jour. Je crois que ce jour fait partie de ceux que j'attends le plus au monde !

J'ai oublié de préciser que, au delà du fait que Nina Simone est peut-être l'artiste que j'aime le plus au monde, cette ode au temps correspond à la musique d'une scène fantastique du seul film de John Malkovich, "Dancer upstairs", film génial au demeurant (même si le réalisateur est libertarien et qu'il est pour la peine de mort, paraît-il), et que je ne saurais que trop vivement vous conseiller.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire